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Vie Nocturne: Parfum de Rose
“Parfum de Rose”
Comme j’ai l’habitude de le dire à ma mère quand elle ne voulait pas que je sorte la nuit: « -ah! Man, il n’est pas plus tard que ça ». Telles furent mes may pour que je puisse sortir ce soir la. Objectif? Mais rien du tout. Je voulais juste sortir, aller admirer les étoiles, comme à mes habitudes. Je me disais que peut-être une nuit, par simple hasard, je verrais Le Dieu du Ciel dans une partie de pieds en l’air avec la Vierge Marie. Ce serait un beau cadeau pour l’animal nocturne que j’étais.
J’ai pris la rue allant chercher de quoi m’amuser. Je passai devant l’auberge de Tante Altagrace. Mais l’envie d’aller me saouler était restée sur le lit sur lequel je m’étais allongé. Faute de me voir trop souvent étendu, j’avais pris la décision d’aller jeter ma gourme un peu par-ci par-là. Alors je ne m’imaginais pas saoul ce soir-là, pour ainsi dire, troqué mon lit moelleux pour les fatras du quartier. Je passai ma route, après une brève salutation aux habitués qui collaient des Zo, chyen pote chay, un bloc spécifiquement, devant la petite maisonnette.
Les tonnelles du Houngan Dieusilòm aussi ne furent point un attrape nigaud qui marcha sur moi. Loin de moi la musique, les grogs, les montures-loas, les bruits de tambours pour ce soir-là. Je voulais de quelque chose d’autre. Moins bruyant, et plus à mon gout.
Un tilt se fit dans mon cerveau, puis, je me surpris à sourire. L’endroit idéal, je venais de l’avoir en tête. Je m’accélérai avant qu’il ne se fasse trop tard, car le nombre de clients kont pour la nuit, elle fermera ses portes. À mon arrivée, le gason de garde s’apprêtait à fermer.
– Ti Joël, ne ferme pas cette foutue porte avant que je ne sois en dedans.
– Qui foutre es-tu?
– Loin de moi l’idée de te faire peur mon ami. C’est moi Curtis. J’espère qu’il reste de la clientèle.
– Oh! Patron, longtemps que je ne t’ai pas vu pa bò isit. Quel bon vent t’amène?
– La truc dur entre les jambes mon ami. Ça me fait défaut.
– Entre donc patron, tu trouveras de quoi rendre trips et boyaux, a ta manière, et comme d’habitude.
Mes lèvres se fendirent jusqu’aux oreilles. Cette odeur me manquait. L’odeur de la pomme d’Ève sous les lanbe d’un Adam passager. L’odeur de parfum de Rose qui empeste l’air mélangé aux muqueuses bien huilées de ces anges. Le Bordel de Dame Anastasia. Une Dame, ni vue ni connue, seul son nom existait. Le Bordel ? Parfum de Rose qu’on l’appelait. Il regorgeait, selon moi, les plus belles filles de la cité et de l’alentour. Il y avait cette fille à laquelle j’eus le plaisir de gouter, Marie- Ange, une cascade, elle était déjà mouillée an tranp lorsque je l’ai pénétrée. Pourtant je ne lui ai pourtant pas touché, pas beaucoup, je lui ai juste sucé ses seins, et lanbe son rapadou.
Mais Claire était la meilleure de toute la maison close.
Un soir, étant partie se baigner et laver sa pomme, raison pour laquelle elle ne fut pas prise, c’est moi qui eut la grâce, en bon dernière heure que j’étais, de tomber sur Claire. Une belle gazelle, je te le dis. La femme, elle était bien montée sur ses deux pieds, et ce soir-là, quand j’entrai dans la salle d’attente, elle ne portait qu’une culotte qui mettait ses fesses d’ébènes en évidences. Un joyau. Belle comme la reine Elisabeth. Elle avait un visage d’ange avec de grands yeux en amandes partant fortement en obliques comme les chinois yeux chire. Des lèvres dessinées par un artiste. Tout son corps semblait sortir d’une poésie de filtre de Giacomo Casanova. Pourtant elle ne vivait que par ses putains de partie de jambes en l’air. Une tourterelle qui aurait pu être une belle maitresse.
Aujourd’hui encore, je me voyais espérer la trouver là encore une fois en bon retardataire. Mais quand j’entrai, la salle d’attente était vide, pas âme qui vive. Avec désespoir je me retournai pour sortir quand la voix me héla:
– Mais restez donc cher monsieur. Nul besoin de t’en aller. Tous clients à l’intérieur, après fermeture, doivent être servis.
Je me retournai pour répondre, mais me retrouva bouche bée, sans mots, devant une merveille de la création. Une mulâtresse à coup sûr. Digne d’une couverture Playboy, ces nouveaux magazines à faire la une. Je regardais la lune. Les étoiles qu’étaient ses yeux faisaient monter en moi toute une galaxie de sensation planétaire. Contrairement a Claire, elle n’avait pas des fesses redondantes, non, juste la moyenne, tout ce qu’on pourrait qualifier de sexy. Avec une couleur café au lait, des jambes fines, et un bout doukounou qui se dessinait dans la string qu’elle portait, mon partenaire à la tête rose dansait déjà de joie.
– Bonsoir belle gazelle. Vous êtes nouvelle ici? C’est la première fois que je vous croise.
– On va dire ça comme ça. Vu que toutes les filles sont occupées, je vais devoir m’occuper de vous spécialement.
– Tout le plaisir serait mien. Vous semblez bien avoir un corps de miel.
– Ne rêvez pas avant d’être au septième ciel cher monsieur. Venez, on monte. Suivez-moi.
La petite dérapa avec une cadence voukap voukap qui fit basculer mon lòlòj. Je perdis toute sorte d’orientation, tout le moi était fixé sur sa hanche. Elle semblait flottée. Encore une fois, je me demandai ce que faisait une créature pareille dans une maison de nuit. Si ce n’était les flots d’alsiyis qui emplissaient les couloirs, j’aurais pu rester dans le rêve de sa sensualité. Les cris fusaient de partout, du “banm tap papi, fem santi w anndan”(mon amour, frappez moi, déboulonnez moi) aux “m pa kapab anko, wap finn ave m aswè a” (C’est assez pour ce soir, je t’en prie, je n’en peux plus), “li cho cheri, sak few dire konsa, ou te bwè kèk bagay?” (Je me sens en flamme, même si tu as bu de quelque chose, arrêtez donc cette prouesse d’endurance). Venant aux bordels, les hommes qui n’ont pas d’endurance et refusant de gaspiye leurs argents dans des bonjours pwèl, buvaient des boisons concoctés. Des boutèy bwa. Des mélanges de lyann bande, d’asowosi, de monben, de pistaches. Tout ça, trempé dans du Kraze Kabann, du Leve Sou Mwen, ou un bon coup de Clairin en provenance de Saint-Michel de l’Attalaye. Monté comme des vaches, la douleur était atroce pour ces petites créatures aux corps frêles qui couchaient pour survivre. Le lendemain, certaines ne pouvaient pas se relever, d’autres ne pouvaient pas faire leur toilette. La cruauté sans borne des hommes n’avaient pas de limite. La plupart d’entre eux venaient se soulager parce qu’ils n’avaient pas de femmes, d’autres parce que leurs femmes leur faisaient défauts, et certains par simple plaisir de gouter à d’autres chairs. Pourquoi ils les maltraitaient? Personne ne savait.
– Ne pensez pas aux autres qui sont en pleines distractions. Réfléchissez plutôt à moi qui vais te faire miauler comme un mauvais chat.
Elle me tira du fond de mes pensées. La petite si elle savait ce que j’avais entre les jambes. Elle ne m’aurait pas pris pour la nuit. Nous étions devant la chambre du fond. Celle qui était toujours fermée. C’est alors que je me rendis compte que c’était avec la maîtresse de la maison elle-même que j’avais affaire. Anastasia, elle-même. La fille qu’on disait plus douce que les rayons de Lune. Elle me sourit, en me faisant le signe d’entrer. Des cette instant, j’oubliai la peine qui régnait parfois dans ces maison clos, pour me laisser bercer par la douceur, encore plus grande, qu’on pouvait se procurer.
– La nuit va être de miel, me glissa-t-elle a l’oreille pendant que j’entrais dans la chambre.
…
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